Des Caraïbes au pays du Père Noël

Octobre 2021

La Laponie Finlandaise a toujours été un rêve pour moi, et après avoir postulé pendant des années, je réussis enfin à décrocher un job et je m’envole pour le pôle Nord.

Nous sommes aujourd’hui en 2023 et ai depuis travaillé deux hivers en Laponie. J’ai décidé de réunir les deux en un seul article pour ne pas me répéter.

J’ai donc fait ma première saison d’octobre 2021 à Avril 2022 et ma deuxième de Décembre 2022 à Avril 2023.

Je suis arrivée avec en poche un travail en restauration pour l’hôtel Kakslauttanen, proche du village de Saariselkä, au Nord Est de la Finlande. J’avais postulé une première année sans résultats, mais cette fois-ci en m’y prenant bien à l’avance (c’est à dire des l’été), et en postulant à TOUS les hôtels, j’avais enfin touché mon rêve du doigt. Mais si vous aussi, vous travaillez dans la restauration, il faut savoir que le service là bas est différent qu’en France. En effet, c’est très souvent en buffet ou les clients qui viennent directement vous donner leur commande.

Concernant le salaire, il est facile d’économiser, puisque vous êtes logé sur place, et que vous êtes payé à l’heure, et heures supplémentaires payées également. En France, le plus souvent, nous avons un salaire fixe, peu importe le nombre d’heures. Donc en Finlande, si vous travaillez après 20h, vous êtes payés un petit peu plus, et si vous travaillez le dimanche ou jour férié, vous êtes payé double.

L’hôtel Kakslauttanen est un hôtel très connu car il est constitué de chalets mais également de ces fameux igloos en verre, qui vous permettent d’observer les aurores boréales. D’ailleurs, le propriétaire de cet hôtel est celui qui a inventé le concept des igloos. C’est beau, c’est immense, c’est magique. L’hôtel forme à lui seul un village. Il y a les chalets, les igloos, les différents restaurants, les activités du type chiens de traîneau, chevaux, un musée, une tour d’observation ect…

C’est beau, mais c’est cher. Pour un igloo, c’est dans les 400 euros la nuit ! Mais ce prix là est le même dans toute la Laponie. Je ne vais rester qu’un mois dans cet hôtel puisque je ne vais pas aimer y travailler pour beaucoup de raisons mais principalement pour manque d’organisation, et de reconnaissance de la part des managers. J’avais rêvé de tous ces paysages blancs, ce ciel violet et rose, des rennes et bien d’autres et au final, je ne voyais rien de cela, car je ne faisais que travailler.

Malgré tout, l’emplacement est idéal pour les aurores. J’y verrais ma première et l’une des plus belles de ma vie. Mais je décide de me rendre plus au Sud, dans le village d’Akaslompolo.

 

Une nouvelle opportunité pour un changement de vie !

Arrivée à Akaslompolo, je rencontre trois filles dont une qui parle français et qui me raconte qu’elles travaillent pour la grande compagnie de safaris, Lapland safaris, et qu’ils recherchent tout le temps des guides.

Il est vrai que ce métier m’avait déjà fait rêver, mais n’ayant aucune expérience, je n’y avais jamais cru. Cette fois-ci, étant sur place, je me dis que je vais tenter ma chance. Malheureusement, cette fameuse compagnie, réputée pour embaucher beaucoup d’internationaux, me dit qu’ils n’embauchent plus pour la saison.

Je tente malgré tout ma chance aux autres compagnies. J’y vais clairement en leur disant que je n’y connais rien mais que je suis motivée à apprendre. Et un employeur répondra positivement à ma demande. Je suis tombée au bon moment au bon endroit, car il recherchait quelqu’un tout de suite pour guider en motoneige. Il m’explique un peu les bases du métier en me disant qu’il faut être confiant et à l’aise pour communiquer avec les clients, ce que je ne suis pas, mais je prétends l’être, tout en me disant qu’est ce que je fous là.

Mais je vais aller jusqu’au bout et donner tout ce que j’ai pour réaliser ce double rêve, celui de devenir guide en Laponie, et celui de rester en Laponie tout simplement. Pour faire ce métier, il faut être indépendant et ne pas avoir peur d’essayer et de se lancer. Je suis allé une première fois en motoneige avec deux de mes collègues et ensuite je prendrais la motoneige toute seule pour apprendre tous les chemins, apprendre à me décoincer de la poudreuse, et être plus a l’aise pour conduire tout simplement.

Je m’investis énormément, tout en adorant ce que je fais, ce qui aide beaucoup, et j’apprendrais très vite et guiderais mes propres tours, seule comme une grande, assez rapidement.

De là, débute l’aventure la plus incroyable de ma vie travaillant pour la compagnie Due North Safaris.

Je me découvre une réelle passion pour la motoneige

J’adore faire de la motoneige. Le plus j’en fait, le plus j’apprends. J’ai appris à en faire dans la poudreuse et clairement ça a été une révélation. Pendant mes jours de repos, j’ai le droit d’en utiliser une, pour aller où je veux. J’irais m’aventurer assez souvent pour apprendre encore plus.

De plus, avec les clients, ça se passe aussi très bien. 99% sont là pour avoir du bon temps, sont très amicaux et s’intéressent à toi et à ton travail. Forcément, pour ma deuxième saison, j’avais plus de choses à leur dire sur la région, les animaux, le travail mais ce sont des choses qui viennent avec le temps.

C’est un travail à responsabilité qui ne faut pas prendre à la légère. Les accidents arrivent et il faut savoir prendre des précautions pour les éviter. Je me suis beaucoup plus sentie à l’aise lors de ma deuxième saison, à « lire » mes clients, c’est à dire savoir jusqu’à quelle vitesse ils peuvent me suivre sans dépasser leur limites, savoir si ils peuvent me suivre dans des chemins plus escarpés ou dans la poudreuse, si ils suivent mes règles ect. J’ai également pu improviser sur mes tours en changeant les itinéraires tout en respectant la durée du tour, leur permettant une découverte de la conduite dans la poudreuse, leur apprenant à se décoincer si ils venaient à sortir du chemin et autres. J’ai même pu réaliser un tour qui allait en Suède et où je leur apprenais à s’amuser dans la poudreuse. Bref, avec le temps, tout devient plus facile, mais ne jamais oublier que cela reste un sport extrême à risques. Cette deuxième saison fut un succès, car je n’aurais qu’une sortie de route sans blessé.

 

Je me rends souvent aux fermes de rennes et huskies !

Mon travail consiste également à conduire les clients à la ferme de rennes et de huskies. Plusieurs fois par semaine, j’ai le temps donc d’écouter les histoires prenantes des mushers qui racontent avec passion leur travail avec ces animaux fantastiques.

Les fermes de huskies sont incroyables car les chiens sont plein d’énergie de bon matin et n’attendent qu’une chose, c’est d’aller courir. Mais ils ont aussi plein d’amour à donner et à recevoir, et les voir plusieurs fois par semaines pour leur faire des câlins et leur parler est une thérapie qui rend heureux. La ferme avec laquelle nous travaillons a environ 120 chiens.

Les rennes, quant à eux, sont complètement différents car très calmes et relax. Ça leur arrive de courir pendant leur tours, mais ils font comme ils en ont envie. Ce sont des animaux très mignons, que j’adore, mais qu’on ne touche pas car toujours sauvages, même s’ils tirent les traîneaux. Je pouvais les nourrir avec les clients et boire du thé chaud et manger les bons gâteaux préparés par Heidi. Enfin, c’était la belle vie quoi.

 

Les paysages

J’ai la chance exceptionnelle de voir ces paysages à couper le souffle tous les jours. Le ciel est d’une couleur différente à chaque heure et malgré le fait de refaire les mêmes tours assez souvent, ils ne se ressemblent jamais.

Et même si ça devient plus touristique qu’avant, nous avons la forêt a nous seuls pour la plupart des tours.

Nous voyons les couchers de soleil, les aurores boréales, la neige, le soleil, les nuages polaires stratosphériques, ce paysage blanc sans fin, tous les jours, et je ne m’en suis jamais fatiguée.

Ce travail est pour moi un loisir, un rêve, avec ses responsabilités, mais ses avantages non négligeables.

 

Les activités en dehors du travail

Même si c’est un petit village, Akaslompolo regroupe tout un tas d’activités pour les familles ou sportifs. Il y a la station de ski d’Yllas, accessible en bus, ou en voiture si vous en louez une, qui offre quelques pistes et une vue de dingue.

Pistes de ski de fond ou sentier pour marche ou vélo ne sont pas ce qui manque. Quant au ski de fond, c’est LE sport d’hiver. Je recommande d’aller au sommet de “Kuertunturi”, qui est facilement accessible et offre une vue à 360• . C’est un bon spot pour le coucher de soleil.

On retrouve plein de petits cafés au charme traditionnel finlandais perdus au milieu de la forêt.

J’ai eu la chance de réaliser un autre de mes rêves, celui de voler en montgolfière.

 

Les aurores boréales

Et oui, les aurores boréales méritent bien leur paragraphe à part !

Ce phénomène de lumières est LE truc à voir en Laponie et je confirme. Même après en avoir vu des dizaines, j’ai toujours envie de pleurer de joie lorsque je les vois. Il n’y a pas de mot assez fort pour décrire le sentiment provoqué par cette danse de lumières et couleurs dans le ciel.

Dans le village d’Akaslompolo, vous pouvez vous rendre sur le lac pour les observer, ou au sommet de “Kuertunturi” qui est une petite colline accessible à pied du village. Il faut une trentaine de minutes pour se rendre au sommet. Le tout est de trouver un coin sans lumière.

Si le ciel est clair, il n’y a pas de secret, il faut sortir tout le temps pour vérifier s’il y en a ou non. Grâce aux applications comme “Aurora”, il est facile de savoir s’il y a de l’activité ou non et si le ciel est clair. Mais ne vous fiez pas toujours à ce que l’application vous dit. SORTEZ! Elles peuvent se produire aussi tôt que 18h comme tout aussi tard que 4h du matin.

Souvent je vérifiais la météo et l’application, tout en vérifiant si je voyais les étoiles dans le ciel. Parfois je me préparais avec toutes mes couches d’habits, préparais ma go pro avec le trépied, me rendais dans la forêt la nuit et attendais pendant une heure ou plus, sans rien voir. Mais les fois où je les ai vues, je peux vous dire que ça valait la peine d’attendre une heure dans le froid.

La preuve en images. (Toutes ont été prises avec la go pro 9, certains de mes amis pouvaient les photographier et filmer avec leur téléphone si ils étaient récents. Mais un trépied est nécessaire pour bien rester immobile).

 

Le froid


Les températures peuvent varier. Ma dernière saison n’a pas été si froide, les moyennes étant de -5 à-10. Nous avons tout de même eu des journées à -30.

Avec les bons habits, jusqu’à-20, je dirais que c’est supportable. À -30, ça commence à piquer. Alors le travail en motoneige devient un peu moins drôle. Le visage brûle, les mains ou les pieds peuvent devenir douloureux à cause du froid, les clients sont plus durs à gérer, la préparation des voitures et motoneiges le matin est plus longue et plus compliquée.

Les locaux vous diront qu’il ne fait pas froid avec les bons habits. Personnellement, je ne m’y suis jamais habituée. Malgré la tenue de travail prêtée par le patron, j’ai toujours eu froid. Bien sûr, on voit bien la différence avec de mauvais habits/chaussures. Alors, équipez vous bien, ou si vous venez travailler comme moi, tout ce qui est veste, pantalon, chaussures et gants devraient être fournis.

Notre compagnie utilise la marque “Fjall Raven” et “Sorel” qui sont de très bonnes marques. Il faut également les bonnes premières couches (j’utilise la laine de merino), les chaussettes en laine, cagoules, bonnets ect. J’ai également investie dans une paire de chaussettes chauffantes, qui marchent très bien. Il y a plein de marques qui en font comme les gants chauffants, alors c’est un prix mais à -30 degrés, vous serez contents de les avoir.

Mais lorsqu’il fait froid, on retrouve la vrai Laponie, ces beaux paysages gelés, blancs, et généralement le ciel est dégagé lorsqu’il fait froid donc le soleil pointe le bout de son nez et les paysages sont changés.

 

Pour finir, ma période préférée, la nuit polaire.

De mi Décembre à mi Janvier, le soleil ne se lèvera pas. C’est à dire que mi Décembre, il y a de la lumière de 11h à 14h, une faible lumière, sans soleil. Le ciel est d’un bleu spécial, avec des couleurs violettes et roses, en contraste avec le blanc de la neige, et c’est magnifique. Lorsqu’il y a la pleine lune, c’est digne d’une carte postale. Le reste du temps, il fait nuit.

Puis jusqu’à la mi janvier, les journées se rallongent petit à petit, jusqu’à revoir le soleil.

Beaucoup de touristes étaient curieux de savoir si cette période était longue et déprimante, disant qu’eux ne pourraient pas vivre sans soleil. Pour ma part, c’était ma période préférée. La réelle Laponie, toute blanche, avec un ciel de couleurs incroyables. Puis avec le travail, je ne voyais pas le temps passer ni ne faisait attention à l’heure.

 

Le petit mot de la fin :

Cette expérience m’a permise non seulement de vivre plusieurs mois au « winter wonderland », mais également de me lancer dans un nouveau métier que je compte poursuivre aujourd’hui.

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Un hiver à Pra-Loup